<p>J’aurais lieu d’?tre ?trangement surpris si les gens enclins ? la critique, ou bien ceux qui sont vou?s ? l’incr?dulit?, ne me cherchaient point querelle pour avoir publi? le roman d’une mouche.<br /> Comment, en effet, diront-ils, une mouche peut-elle laisser des ?crits ? Elle bourdonne sans cesse, voil? sa seule occupation. Quant ? la croire dou?e de quelque pens?e, de quelque r?flexion, c’est d’une incons?quence extr?me ; caria mouche va t?te baiss?e dans la toile d’une araign?e, et elle y reste suspendue par un de ses membres en attendant que celle qui lui a tendu le pi?ge vienne ?treindre son corps et LE ROMAN D’UNE MOUCHE sucer son sang…. La mouche est n?e pour p?rir. Apr?s elle une autre ou plut?t une myriade de mouches qui ne seront ni plus adroites ni plus prudentes. Or la mouche, qui a d? ?tre cr??e avec les hommes, ne parle, ne chante, ne peint ni n’?crit. Elle n’a donc rien de commun avec les hommes dont l’intelligence est sup?rieure ? fout ?tre vivant.<br /> Halte-l? ! mes critiques. Notre impr?voyance est trop grande pour accuser celle de la mouche. Si le doigt de l’homme peut d?truire ais?ment la toile d’une araign?e, il n’en est pas moins vrai que sa cupidit? se laisse prendre ? la trame bien ourdie des industriels et des soi-disant capitalistes, qui guettent les actionnaires pour leur enlever le fruit de leurs ?conomies et les laisser ensuite p?rir dans la mis?re.<br /> La Bourse, par exemple, est une immense toile d’araign?e. Le joueur y entre gras et la t?te haute ; il en sort sec et suc? jusqu’au sang comme une mouche.<br /> Ne bl?mons donc pas l’insecte qui succombe comme nous, mais dont la vanit? est mois grande que la n?tre.<br /> Vous ne voyez que vous, mortels, sur la surface de l’orbe. Pauvres atomes ! Qu’?tes-vous en comparaison de l’immensit? et de la grandeur des cieux, je vous le demande ? Si Dieu, de son tr?ne ?lev? vous aper?oit sur la terre o? vous remuez, il doit dire en vous voyant : ≪ Ces mouches-l? se donnent bien du mouvement pour peu de chose. Oh ! les orgueilleuses qui m?prisent leurs s?urs parce qu’elles sont plus faibles. ≫<br /> Tout est grand dans la nature, mais tout est petit devant Dieu. Quant ? l’homme, son esprit myope n’est pas fait pour juger les objets de loin. Pour les ?tudier, il faut qu’il s’en rapproche.<br /> Il reconna?tra alors que la fleur l?g?re et d?licate de la saxifrage appel?e le d?sespoir du peintre, dont l’aspect tout d’abord peut para?tre insignifiant, est d’un d?tail et d’un coloris charmants. L’artiste qui a baptis? cette fleur a reconnu son impuissance de peintre. Il s’est dit l’?l?ve en reconnaissant Dieu pour le grand ma?tre.<br /> Or si la fleur d?licate a besoin d’?tre vue de pr?s, je dirai m?me au microscope, pour ?tre admir?e, l’insecte imperceptible vu ? la loupe a des reflets de pourpre et d’or. Il doit avoir son cri de d?tresse et ses chansons d’amour.<br /> Mettez dans le creux de votre main, que vous fermerez avec pr?caution, le col?opt?re rouge qui vit aux d?pens des lis de nos jardins, et que les enfants nomment commun?ment couturi?re, puis portez cette main ? votre oreille, vous entendrez la voix douce et sympathique d’un petit chantre ail? qui n’a pas les accents du rossignol ni de la fauvette, mais qui a re?u du ciel tout ce qu’il lui faut pour se faire plaindre ou se faire entendre si l’on daigne ?couter sa plainte ou sa pri?re.<br /> Ce fait bien ?tabli, qu’y a-t-il d’?tonnant qu’une mouche puisse se faire comprendre ? Elle pense, car il lui arrive souvent, pendant le jour et lorsqu’elle se repose, de frotter doucement sa t?te entre ses pattes et ? plusieurs reprises. Ses id?es, j’en conviens sont celles d’une mouche ; mais ne la d?rangez pas et vous la verrez longtemps m?diter avec calme. Quiconque n’est pas mouche ne saurait d’ailleurs ?tre un bon juge de l’esp?ce.<br /> On aurait donc tort de supposer que le cerveau d’une mouche est creux. Et on voudrait le dire que je puis fournir la preuve du contraire ; car le livre que j’offre aujourd’hui au public est l’?uvre s?rieuse d’une mouche. Je l’ai trouv? ce livre dans le creux d’un arbre, ? la campagne. Il m’a paru d’une forme si petite et si curieuse que je l’ai emport? pr?cieusement ; mais il m’a fallu beaucoup de patience pour d?chiffrer son ?criture de patte de mouche. Les feuillets, si je ne me trompe, avaient ?t? form?s avec les p?tales d’une rose s?che ; la graine du sureau avait d? servir ? l’auteur pour ?crire son livre. Pour ce qui regarde la couverture, elle ?tait si riche et si coquette que j’ai d? croire qu’une abeille l’avait faite en cire transparente, et que cette couverture, en raison de son ?clat et de ses jolies incrustations, avait d? ?tre rehauss?e avec le coloris brillant de certaines fleurs, la nacre et la poussi?re d’or de l’aile d’un papillon........</p>画面が切り替わりますので、しばらくお待ち下さい。
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© led e17 なんだ、みんな人間のせいじゃないか。